Dans 50 heures je quitte Changchun. Une envie me vient de vous faire partager cette fable.

Dans une région montagneuse du dongbei, un sage décida de suivre le courant de la rivière :

Cette année dit-il :

« Je n’aurais jamais compris comment l’indifférence physique et la médiocrité intellectuelle purent blesser aussi profondément un couple aimant.

Ni comment un rire vide, de gêne linguistique (intellectuel ?) peut-être, peut se substituer au rire franc de l’âme qu’on a élu pour reflet de son cœur.

Je n’aurais jamais compris comment les doutes ont pu essuyer leurs larmes sur des réminiscences du passé, quitte à souiller trois paillassons d’entrées, devant la porte de la raison et celle du bonheur.

Je n’aurais jamais compris comment une puissance créatrice, une normalisation sociale, une semence potentielle, puissent se gorger d’une vigueur destructrice si douloureuse.

Cependant, j’ai compris un amour. Le mien.

J’ai compris que l’amour est un combat. Que l’idéologie romantique n’est qu’un pâle révassement de ceux qui n’aiment pas.

J’ai compris que l’ombre de la passion n’est pas le confort des sentiments endoloris par la lassitude, mais que la vraie passion est l’amour qui se construit dans la projection de deux personnes qui s’aiment, et non d’une fusion. Si romantique soit-elle.

J’ai compris qu’on peut souffrir déraisonnablement et aimer de façon inconditionnelle. La seule différence avec hier, c’est que ma vie a été séparée de mon amour excessif. Demain, si je devais m’en séparer, parce que nos deux cœurs n’auront pas su trouver patience et force à notre union, je sais qu’un autre avenir radieux chauffera de ses rayons le velux de mes larmes.

Et je sais que s’il doit être éternel, l’amour a besoin de creux où s’essouffler et de montagnes où s’extasier. Jamais il n’est à l’abri d’une crevasse mortuaire. »

Et le vieux sage s’est écorché les genoux sur les pierres lisses de la rivière. Confiant de son choix, il vit ses jeunes frères tenter l’impossible dans les hauteurs abruptes de la montagne.

Lui, il aimait.

conte d'un soir de départ

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