Vacances en Chine nouvelle

7 octobre 2009

Le campus désertique, le rouge omniprésent, virginie et moi partons pour la route du Sichuan-Tibet, réputée pour être une des routes les plus dangereuses du monde, mais aussi l’une des plus belles ! Bizarrement, aucune galère pour se rendre jusqu’à la gare routière, un taxi dévoué et rieur, une gare bondée, quelques grimaces devant des appareils photos chinois, 6h de transport pour faire 270Km, un hotel de libre, avec en guise de compagnon de sommeil, un bébé cafard et le lendemain matin, bam ! La Chine reprend ses droits, nous montrant alors sa face insaisissable et insidieuse. En effet, les envoyés du gouvernement sont partout en cette période ~~dangereuse~~ de fête, affûtés, sur le qui-vive, prêts à faire respecter la dic*** de la mystification, du non-dit, rouge, éblouissante, aveuglante. Interdiction de voir, on pourrait dire. Le Sichuan est officieusement interdit d’accès aux étrangers. Les raisons évoquées ? Plus de billets, le confort des voyageurs, notre sécurité, la grippe H1N1, ou bien souvent, simplement, le silence. Pleines de doutes et de colère, c’est à la terrasse d’une maison de thé de Chengdu que nous avons trouvé la vérité. Vêtu d’un vieux marcel où une étoile cousue attire le regard, l’appareil photo en main, un homme se joint à notre table et nous raconte, durant deux longues heures, la Chine : mensonges, prisons, révoltes, riches, pauvres, chômage, pollution. Une situation sensible s’exacerbe en période symbolique, l’oeil occidental pourrait témoigner.

Ce soir là, ce fut la fête dans les rues de Chine, le feu d’artifice résonnait. Ce soir là, le peuple Chinois acclamaient les milliers d’années d’histoire et de culture chinoise.

Durant 3 jours, nous sommes donc restées sur Chengdu, où l’une de mes étudiantes nous a acceuillie, nous présentant sa ville natale avec un amour sans borne. Le soir venu, bien qu’ils aient déjà mangé, ses parents nous ammenèrent dans un petit restaurant typique du Sichuan. Toute la soirée fut , pour une énième fois, une démonstration de l’hospitalité et de la profonde gentillesse du peuple chinois . Nous sommes allées dans l’ancien Chengdu, qui est devenu un monstre de la consommation. Les ruelles sont bondées de touristes chinois au point de pouvoir difficilement marcher, les temples affichent laidement leurs nouvelles utilités : Starbuck coffe, Foxy Club, Chengdu Shop, bar, restaurant ...Cette virée désastreuse dans la nouvelle Chine achevée, nous nous rendons sur la place Tianfu, le coeur de la ville de Chengdu. Sur cette place peinte de rouge, rien de très intéressant à voir. Une démonstration de richesse et de fontaine déjà éteintes, mais dont le faste lumineux ronronne toujours, de la promotion pour la province du Sichuan, des bouches énormes creusées dans la terre pour acceuillir le métro de 2011, et des chinois qui posent devant Mao en jade.

Le lendemain, Lisa nous a conduit dans ce qui s’appelle honteusement le quartier Tibétain. Impossible de marcher, des difficultés à respirer, une vue obstruée par les boutiques de souvenirs, les flashs qui crépitent inlassablement et la surpopulation, partout étouffante, effrayante.

Munies de la carte Panda*, nous nous rendons à la chaumière du poète Dufu dans un immense parc de bambous où la fraicheur et le calme de la nature apaise mes déceptions récentes.

Le lendemain, nous passons l’après midi chez la grand mère de Lisa, puis nous nous rendons dans un restaurant où ~~nous~~ je mange des têtes de poissons, essyant tant bien que mal de faire disparaître l’oeil gélatineux qui se balade dans mon bol.

A 8h, le dimanche matin, nous partons pour une destination autorisée : Langzhong.

*Cette carte ne coûte qu’1 yuan et permet l’accès gratuit à 11 sites du Sichuan (dont la réserve des pandas). Elle fut créée pour remercier les étrangers de leur soutien financier lors du séisme de 2008.