Zhaoxing

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Zhaoxing est mon coup de cœur. Ce village a pourtant pris son ticket pour la course effrénée vers un tourisme disneylandesque, et pourtant, en période creuse, le village respire à son rythme, loin des exigences économiques des vacanciers. Les premiers bars cosy sont tous fermés, les magasins de souvenirs se comptent sur les doigts de la main, les poules poussiéreuses envahissant encore tout le territoire.

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La première impression qui se dégage de ce village est un bordel crasseux, pourtant dès que vous vous y attardez plus d’une heure, ce sont les sourires des villageois qui restent gravés. Des sourires non dirigés par le potentiel économique que vous représentez, juste pour le plaisir de lancer un RALO, offrir une cigarette, tenir une discussion de 5 minutes… Ce village et cette région d’une façon générale sont réputés pour leur style architectural représentant la minorité Dong. Notamment, à travers, les ponts du vent et de la pluie. Par leur beauté, ils symbolisent la chine ancestrale, mais avaient pour rôle de protéger le village des envahisseurs (unique accès au village). L’architecture Dong est entièrement faite de bois de sapin, à la naissance d’un enfant la famille plante un sapin afin, qu’atteint 18 ans, l’enfant est suffisamment de bois pour construire, à son tour, sa demeure familiale.

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Autre monument architectural intriguant, la tour du tambour. Lieu central du village, cette tour représente le cœur culturel et politique du village.

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Le tambour permet ainsi à n’importe quel villageois de prévenir en cas de danger. Culturel, car en face de chaque tour se trouve une scène ouverte surélevée où se jouaient encore, il y a moins de 5 ans, les opéras Dong. Aujourd’hui, cet endroit est devenu une agence de tourisme… Cependant, la place sous la tour rassemble encore les villageois. Autour d’un feu, pipe au bec, le troisième âge s’entasse sur les petits bancs de bois pour jouer aux cartes et discuter.

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Au rythme du soleil, la vie suit son cours, emportant en fin de course un éclat de bonheur fédérateur. A la veille du nouvel an chinois, le village s’est embrasé de joie lors de la tombée de la nuit, des symphonies de pétards retentissaient durant des heures, les enfants jouaient sans lassitude avec les rouleaux d’une dizaine de mètre et les tiges scintillantes.

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Un bruit de bombardement ne cessa pas durant 48h, les familles rentraient chez elles, attablées à 15 autour d’une table ‘ avec juste plus de viande que d’habitude’.Vers 22h, alors que plus un habitant n’était dehors, nous avons ouvert la fenêtre de notre chambre, nous avons plongé notre regard sur la rivière traversant le village et nous avons contemplé ces enfants qui s’illuminaient d’un coup dans le noir total d’un jour de fête.

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Unique étrangère dans ce village paisible, j’avais l’impression d’être à une autre époque, cinquante ans en arrière, découvrant le village caché de mon île déserte. Et n’osant les déranger, je les observais mon verre de mauvais rouge à la main, ne me lassant pas de voir pendant quelques secondes les visages d’enfants chasser les mauvais esprits, puis revenir vers le grand-père pour accepter le morceau de viande coincé entre les baguettes plus sophistiquées pour l’occasion et puis, courir, retourner dans le noir total du pays Dong. La journée, ces mêmes bambins ont aidé une grande- mère à attraper un des innombrables chiens sauvages du village. Pris tel un lapin, tenant le chiot blanc par le col, la grand-mère a disparu dans sa cuisine.

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Et, outre le chien, ce village déguste également du rat. Autrement dit vous sentez votre viande dans ce village… Une autre anecdote amusante et rassurante, fut lorsque Virginie et moi avons frappé à la porte d’un « bar » poussiéreux, sans doute fermé depuis septembre dernier. Le fiston nous ouvre, nous voyons avec étonnement sur la carte : sandwich et gâteau au chocolat. Qu’à cela ne tienne, allons-y ! Ouf ! il faudra encore quelques années avant que Zhaoxing ne devienne Dali. Au lieu du sandwich nous avons eu le droit à un cake aux haricots rouges servi avec de la confiture et trois tranches de rosbif. Autant vous dire, le mélange de saveurs est particulier. Cependant, le plus drôle fut le gâteau : une pâte huileuse, de couleur marron certes, mais dont le goût était si infâme qu’on n’a jamais cherché à savoir ce qui rendait cette couleur trompeuse.

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Du haut d’une baraque de bois, dans un village désertique, en fête, contemplant les cortèges de jeunes passés avec leurs rouleaux de pétards à la main, nous fûmes heureuses de cette ‘arnaque’. A Zhaoxing, le hamburger ne remplacera pas tout de suite la viande de chien sauvage.

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