Tashi dele

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Par ou commencer ? Le voyage s’est achevé, et un souvenir excité, mais déjà nostalgique envahit mon début de semaine. Ce voyage était une merveille, d’une beauté époustouflante, et ponctué d’une rencontre aussi fugace qu’inoubliable. Après 2 heures de taxi sur une route de montagne crevassée et encombrée de tractopelles, nous sommes arrivées à Huanglong, au nord du Sichuan, une zone tibétaine où, hormis les drapeaux rouges obligatoires sur chaque maison, les Yaks sauvages, le paysage idyllique, les personnes, les stupas, les drapeaux de prières (lungta) nous offraient véritablement la sensation d’être loin de la Chine, d’être au Tibet. Entourées des montagnes enneigées, zéro degré en journée (pas d’écharpe ni de gant et un pull léger, faut pas abuser non plus, on ne change pas les habitudes comme ça) et sous un ciel bleu étincelant, nous avons accompli une randonnée de 3h. L’air particulièrement pur et vivifiant à une altitude de 4000 mètres nous a permis de nous ressourcer (et aussi de nous essouffler au moindre effort !), et quel plaisir de constater des zones préservées du tourisme de masse.

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Je veux dire, en période de fête, c’est affreux, vous êtes obligés de faire la queue en guise de rando, mais en période creuse, comme en ce moment, nous étions quasiment seules, et les lieux sont extrêmement bien entretenues, pas de déchets, très peu de structures touristiques et toutes faites en bois, qui se fondent merveilleusement bien dans le décor. Huanglong donc, est une vallée  où se trouvent disséminés des bassins d’un bleu turquoise, et d’un jaune tirant à l’orange, ces phénomènes karstiques dessinent le paysage encerclé par le blanc alentour.

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Cette marche dynamique achevée dans le noir le plus total, nous avons ensuite commencé à chercher une chambre où passer la nuit. Après une demi-heure de marche, congelées, dans les environs du parc, nous négocions un tarif pour passer la nuit dans une chambre où la température grimpait tout au plus à 5 degrés, sous la porte un trou béant laissait passer le froid terrible des montagnes mitoyennes. 3 couettes, mitaines, bonnet, chaussettes et manteau et c’est parti pour notre première nuit tremblotante (à l’heure où j’écris nous en sommes à notre 5^ème nuit, on s’endurcit !). Le lendemain matin, sous le même ciel éblouissant nous reprenons un taxi (pas de bus dans cette région, si ce n’est pour les tours organisés) pour nous rendre à Jiuzhaigou, durant 3 heures nous avons traversé des dizaines de villages tibétains, où s’entremêlaient dans un concert de couleurs , les guirlandes de prières et les drachoks (qui sont des longs tissus colorés accrochés à des mats de 5 mètres de haut). Enfin, arrivées à l’entrée du parc, pas de queue à l’entrée, pas un touriste (visible), que du bonheur ! En revanche, à l’image de notre prévoyance pour les vêtements chauds, nous n’avions pas prévues assez d’argent (du tout !). Il faut dire que Huanglong comme Juizhagou sont hors de prix, intolérablement cher, 220yuans l’entrée ! Après avoir payé nos deux entrées, il nous restait moins de 150 yuans, et sans possibilité de retirer….Autant dire, nous étions dans la merde ! Mais, j’ai toujours eu une chance inouïe, et il s’avère que Virginie aussi, nous décidons donc d’entrer dans le parc (à pied), le ticket de bus coûte 90 yuans par personne, et nous commençons une marche de 3heures parmi un paysage époustouflant de beauté, de diversité et surtout complètement dépourvu de touristes, personne, personne, personne !

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Après 3heures de marche à plus de 3000 mètres d’altitude, sans eau, le premier village tibétain nous apparu enfin. Attablées dans l’unique restaurant de ce village (toujours dépourvu de touristes) nous avons fait la connaissance de deux jeunes tibétains, qui nous ont invitées à aller voir des danses traditionnelles tibétaines, le soir, tout cela gratuitement, nous assuraient-ils. Il s’avère que Tong jiu zile et Sang din zhu sont devenus nos guides, nos amis, notre famille d’accueil et même nos hôtes.

Aussi, l’après-midi, nous nous sommes rendues (en grattant le bus) à un autre village tibétain, où, alléluia, ils étaient là les touristes, dans les grosses artères commerciales, d’un village aménagé en immense magasin de souvenirs tibétain. Nous apercevons les premières couleurs bleu turquoise, les premières cascades sauvagement installées au milieu d’une forêt qui hésite entre l’automne et l’hiver.

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Nous décidons ensuite de retrouver le calme authentique de leur village situé à 3 km de là environ. Tous les quatre, nous marchons et retrouvons donc le calme et la plaisir de la randonnée avec pour unique compagnon sonore, l’eau qui ruisselle et les quelques échanges en chinois que nous tentons d’avoir avec nos compagnons de route qui ne parlent que le chinois et le tibétain. Cependant, grâce aux gestes et à nos quelques connaissances du chinois, nous avons pu rester ensemble durant 2 jours et avoir une véritable communication.

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Le soir venu, le parc fermé au touristes après avoir visité l’immense maison de Tong, nous nous rendons sur la route principale du par c et commençons à faire ….du stop (quel plaisir !) afin de sortir du parc. Il faut que je signale qu’il est strictement interdit de dormir dans le parc, mais nous n’avions pas le choix, car nous ne pouvions repayer un deuxième ticket d’entrée et le parc fait plus de 20 km de long. Donc sous un ciel laissant éclater avec fierté ses milliers d’étoiles, nous attendions une voiture libre avec 4 places, pas évident. Finalement, Tong nous convie à aller nous réchauffer chez sa voisine, dans un immense salon merveilleusement peint des couleurs tibétaines. Enfin, effrayée, je fais un mouvement de recul, en effet, une voiture de police était là. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces policiers étaient en fait nos chauffeurs pour aller voir le spectacle ! Et c’est parti à 6 dans la voiture, nous nous rendons au spectacle qui avait lieu dans un palace des environs, où nous rentrons gratuitement avec le policier… Durant 2heures nous en avons pris plein les yeux, chants et danses traditionnels, racontant l’histoire de la réincarnation bouddhiste. Après ce privilège, nous prenons un taxi, débarquons dans un cyber, emmenons 4 autres amis tibétains, et nous nous rendons dans un restaurant où nous avons appris le concept de Tashi dele (bonjour et tchintchin en tibétain), le principe est de boire son verre en entier….Nous parlons de Lhassa, du dalai lama, de leur pèlerinage etc. La nuit ne faisait que commencer, voilà que nous arrivons dans une discothèque où deux jeunes se bagarraient sévèrement, au vue de mon regard effrayé Sang me montre son couteau. Ok ! Je commence à me demander où nous avons atterri (de façon très amusée). Enfin la discothèque fermant, nous prenons finalement un taxi pour nous ramener dans le parc. Nous sommes tombées sur un fou, plus fou que nos motos de CQ qui font du contre sens sur des 6 voies où du 110 à l’heure en pleine ville. Sur une route de montagne, ce charmant monsieur ivre, sentant fortement le baiziu (alcool chinois très dégueulasse fort), à 100 km heure, la musique à fond, chantant à tue tête, nous nous sommes vue mourir ! Néanmoins, ce n’était pas fini, en effet les taxis ne sont pas autorisés à rentrer dans le par et l’ami qui devait nous ramener à la maison, s’était fait arrêter, donc nous repartons nous réfugier autour d’un poêle dans une sorte de restaurant. Deux tibétains âgés nous rejoignirent, et lorsque nous nous présentons comme françaises, il y a comme un profond respect (Sarko ? Le scandale des JO ?) et nous trinquons  et retrinquons en l’honneur du Tibet. Enfin, dans la nuit, la police nous retrouve et nous ramène dans le parc où nous nous couchons épuisées, heureuses, touchées par tant de bonté, mais aussi effrayées de constater à quel point, ces tibétains refusent la triste réalité d’être considéré par le gouvernement comme des chinois. Au matin, nous voulions partir, mais il n’en était pas question, il nous fallait rester et prendre le petit déjeuner (pimenté) avec la famille.

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Toute la journée, nous sommes finalement restées avec eux, prenant (gratuitement) le bus et nous émerveillant devant tant de beauté concentrée dans un seul endroit. Les photos parlent d’elles-mêmes.

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Le soir nous réussissons enfin à les inviter pour un huoguo (fondue pimentée). Puis, nous nous rendons en discothèque (à 21h…), où nous avons passé la soirée à jouer aux jeux d ‘alcool chinois et à danser sur la piste (…) Le soir venu, nous avions pris une chambre chez un ami de Tong et Sang. Finalement, nous avons pu à notre tour les accueillir, car faute de voiture pour rentrer dans le parc, ils ont dormi dans notre chambre (gelée). Et ainsi s’est achevé le voyage. Tristement, le dimanche matin, nous avons rejoins les tours opérateurs à l’aéroport de Jiuzhagou, direction la brume chongqinroise.

                                           Ayant eu froid, Tong me prêta sa tunique.

                                                  Transparence turquoise de l'eau

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Maison traditionnelle Tibétaine

San Din Zhu

Babyblue & Tong Jiu Zile

Comments

[vero]

Oui que dire Alizée, sinon qu'en plus de ton talent d'écriture, tu es également une excellente photographe. Ton récit est toujours aussi agréable à lire(meme si je l'avoue il ne me rassure pas totalement sur ta sécurité... mais tu connais mon point de vue)et tes photos sont magnifiques. Les paysages sont incroyables et les couleurs si éclatantes qu'on a peine à croire a une telle beauté. Tu fais aussi de superbes rencontres qui sont sans doute dues en partie a ton ouverture vers les autres. Ne change rien. Bisous.

[Nathalie Imbert]

Magnifique récit, magnifiques rencontres, magnifiques photos qui donnent vraiment envie(merci de nous les faire partager) mais quelle aventure !!! Et le plan disco + taxi (je ne dirais pas faites gaffe ça fait vieille tatie rabat-joie mais bon...) Gros bizzzzzzzz